La Cuisine est un Art

Lorsque l’on parle d’art, on cite toujours un écrivain, un musicien ou un peintre dont la mission est de créer un univers illusoire, un paradis artificiel pour nous consoler d’une réalité qui serait absurde. La mission d’un cuisinier est tout autre : en créant un univers qui n’a rien d’illusoire, un paradis qui n’a rien d’artificiel, il nous rapproche d’un Dieu dont je ne sais si tel ou tel chef y croit mais dont je suis certain qu’ils ne le rejettent pas. Et si un grand repas c’est du rêve, de l’illusion et des idées, c’est aussi l’univers des choses les plus simples auxquelles le génie du chef ajoute celui des choses invisibles. Certains cuisiniers nous donnent accès à cette réalité, ils nous la font percevoir dans son évidence concrète parce qu’ils sont, tout simplement des artistes.

Bernard Carrère.


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16 septembre 2014

Hep, Katxi ! Deux Torgnebugnes !

© Pierre-Brice Lebrun
Prenez un chien, deux frères, un garage. Touillez. Passez au tamis pour éviter les grumeaux d’houblon, qui vont toujours par deux. Mouillez à hauteur. Laissez reposer le temps qu’il faut et servez frais : voici la recette de la seule et unique bière landaise brassée dans les Landes, avec de l’eau des Landes, et pas mal d’humour !

La star habite un peu à l’écart de l’ancien garage transformé en brasserie, tout à côté du pavillon d’un des frères. Il n’accepte jamais les interviews, encore moins les photos, mais il a bien voulu raconter les débuts de cette rafraîchissante aventure lando-landaise à l’envoyé spécial de La Gazette Gourmande : bon ben voilà, ils bossaient tous les deux dans les combles, ils posaient de la laine de verre, il faisait bien 40°, là-haut, je suis allé les voir, la langue pendante, par solidarité, j’avais soif pour eux ! Un des deux a dit à l’autre ; il a la "séquère", ton chien (en gascon, ça veut dire qu’il a soif), et l’autre lui a répondu : la Séquère ! C’est quand même mieux que la Brasserie des Landes de Gascogne, non ? C’est comme ça qu’ils ont baptisé leur brasserie ! Je me suis retrouvé sur les étiquettes, les capsules (primées en Belgique par des collectionneurs pour leur originalité !), les verres, et ce n’est pas fini, ma carrière ne fait que commencer : bientôt les tee-shirts, les tabliers et les caleçons hawaïens…

© Pierre-Brice Lebrun
Brasseur toi-même !
Un soir, un délire entre frères, un défi : si tu veux boire une bonne bière, tu n’as qu’à la brasser toi-même ! Chiche ? L’idée prend forme après un petit tour sur internet et pas mal de recherches pour concevoir la recette (pas question de brasser une bière comme les autres !) : pourquoi, histoire de s’amuser un peu, ne pas brasser  juste 30 litres ? Il faut dire qu’au centre de Dax, les frères possèdent un bar à bières qui organise des concerts, surtout de rock : on fera une soirée spéciale ! Un brasseur du Médoc accepte d’assister la fine équipe dans ses premiers essais (ça lui fait gagner un an). Ses conseils avisés permettent au projet de prendre forme : servir une bière, c’est une chose, mais la brasser, quel boulot ! Le plus difficile ? Nettoyer ! Il faut tout désinfecter en permanence, les cuves, les tuyaux, les robinets, chasser les bactéries : c’est un vrai travail de laboratoire. On se prend au jeu : une fois bus les 30 litres, on en brasse 50, puis 200 : aujourd’hui, 1 000 bouteilles sortent chaque mois du garage, après un vrai parcours du combattant (des cartons remplis de bouteilles vides qu’il faut descendre, puis monter, et vider, pour les remplir de bouteilles pleines qu’il faut monter à l’étage avant de les descendre au bar : la logistique pourrait être un poil améliorée, d’autant plus qu’on étiquette toujours à la main). Le brasseur du Médoc a vendu son "matos", nos barmen landais devenus brasseurs se sont transformés en maçons, pour pousser les murs, en porteurs de palettes et en inventeurs de nouvelles recettes : ils n’arrêtent pas ! 

© Pierre-Brice Lebrun
Bikers un jour, Séquère toujours !
Pour le Dax Motors N’Blues Festival, ils créent la Lagail’s n°7, une bière au Jack Daniels, puis la Kirenpek, aux plantes d’absinthe des Landes (oui, Môôssieur, on distille de l’absinthe dans les Landes !), et ils inventent dans leur bar le Mojito-bière (à boire avec modération, mais à ne pas rater). La Séquère décline désormais toute la gamme des couleurs : la Lagaille (la toute première, une ambrée à 5,5°), la Torchebugne (une blonde à 5,5°, juste assez amère pour bien désaltérer), la Pépiot (une brune à 7,5°) et l’Ashmol, une blanche qui ne va pas tarder à débarquer (dans la bouche du père, "ashmol" veut dire tout fatigué, et un "pépiot", est un type, un gars, un mec, un copain ou pas, selon le ton qu’il emploie). 
Ils regorgent d’idées, de projets, et brasser les passionne : ça se sent quand on décapsule une de leurs bouteilles, les bulles, la mousse et les arômes sont autant chargés de plaisir que de bon vivre landais (mais ne leur demandez surtout pas si une bière aromatisée au canard est prévue : je suis sûr qu’ils sont capables de vous répondre qu’ils y réfléchissent…).

Le Saxyrock (bar à bières au centre de Dax, pour goûter avec modération toutes les bières de la Séquère, et pas mal d’autres) www.saxyrock.com

La Brasserie artisanale La Séquère, www.lasequere.com

Texte et photos : Pierre Brice Lebrun pour La Gazette Gourmande

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