La Cuisine est un Art

Lorsque l’on parle d’art, on cite toujours un écrivain, un musicien ou un peintre dont la mission est de créer un univers illusoire, un paradis artificiel pour nous consoler d’une réalité qui serait absurde. La mission d’un cuisinier est tout autre : en créant un univers qui n’a rien d’illusoire, un paradis qui n’a rien d’artificiel, il nous rapproche d’un Dieu dont je ne sais si tel ou tel chef y croit mais dont je suis certain qu’ils ne le rejettent pas. Et si un grand repas c’est du rêve, de l’illusion et des idées, c’est aussi l’univers des choses les plus simples auxquelles le génie du chef ajoute celui des choses invisibles. Certains cuisiniers nous donnent accès à cette réalité, ils nous la font percevoir dans son évidence concrète parce qu’ils sont, tout simplement des artistes.

Bernard Carrère.


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18 juin 2014

C'est épicé ! A la découverte des poivres

Qu’ils soient d’Inde, de Chine, du Népal, de Tasmanie ou bien encore de Madagascar, chaque poivre est une invitation au voyage. Nous partons cette fois-ci au aux portes de l’Himalaya pour découvrir une baie qui  séduit nos chefs pour ses particularités.

Le poivre Timut du Népal ressemble beaucoup à son cousin du Sichuan à la différence près que les baies sont plus petites et surtout plus foncées avec une dominante brune. Sa parenté avec les agrumes apparaît très vite évidente avec un parfum précis et tendu de pamplemousse accompagné d’une fraîcheur évidente. En bouche, les arômes se multiplient et se répondent enchaînant des notes de bois, de poivre, de fruits exotiques puis une finale qui évoque le pamplemousse. Des sensations qui s’accompagnent d’une saveur irritante et paralysante qui résonne sur la langue. Comme le poivre du Sichuan, le Timut contient en effet des "alpha sanshoo", un amide qui déclenche cet embrasement de la bouche.


Fraîcheur, dépaysement et exotisme habitent cette épice magique qui révèle un cœur immense. Le consommé léger de homard de Guy Savoy et le sorbet crémeux de litchi de Pierre Gagnaire, deux préparations relevées de poivre timut du Népal démontrent que l’épice se plie aussi bien au salé qu’au sucré. À l’expérience, il se montre parfait pour parfumer des coquilles Saint-Jacques, des langoustines sautées, un fond de veau ou tout simplement un carpaccio de saumon. Avec une simple compote d’abricots, l’union de ce poivre avec la cardamome devient sublime. 

Vinaigrette au poivre de Timut  :
Dans un bol versez 2 cuillères à soupe de vinaigre balsamique de Modène à la truffe. Ajoutez 2 cuillères à café de pâte de citron confit, 2 cuillères à soupe bombées de ciboulette ciselée, un peu de sel, quelques tours de moulin de poivre Timut de Katmandou, 8 cuillères à soupe d'huile d'olive. Choisir une grande huile d'olive, si possible AOP ou AOC, en l'occurrence j'ai utilisé une huile produite localement et primée. Bien émulsionner l'ensemble avec un fouet.


Nicolas Agoutin pour La Gazette Gourmande