La Cuisine est un Art

Lorsque l’on parle d’art, on cite toujours un écrivain, un musicien ou un peintre dont la mission est de créer un univers illusoire, un paradis artificiel pour nous consoler d’une réalité qui serait absurde. La mission d’un cuisinier est tout autre : en créant un univers qui n’a rien d’illusoire, un paradis qui n’a rien d’artificiel, il nous rapproche d’un Dieu dont je ne sais si tel ou tel chef y croit mais dont je suis certain qu’ils ne le rejettent pas. Et si un grand repas c’est du rêve, de l’illusion et des idées, c’est aussi l’univers des choses les plus simples auxquelles le génie du chef ajoute celui des choses invisibles. Certains cuisiniers nous donnent accès à cette réalité, ils nous la font percevoir dans son évidence concrète parce qu’ils sont, tout simplement des artistes.

Bernard Carrère.


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12 novembre 2010

La Cerise d’Itxassou

Nul ne sait comment et pourquoi les cerisiers apparurent en bordure des prés et des sentiers du joli village d’Itxassou au XIIIe siècle. On sait, par contre, qu’au cours du XIXe siècle, une trentaine de tonnes de cerises se vendait encore sur les marchés de Cambo et du Pas de Roland mais aussi, plus simplement, le long de la route de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port où “l’or rouge”, petit pactole local d’appoint cueilli par des nuées d’enfants papillonnant dans les hautes branches fragiles était présenté sur des traineaux et porté à dos d’âne. Dans les années mille neuf cent vingt, trois cents tonnes de fruits étaient encore ramassées. Après la seconde guerre mondiale, période où l’on pensait plus à l’efficacité qu’au romantisme, la cerise d’Itxassou fut malheureusement délaissée, et la plupart des cerisiers arrachés pour laisser la place à des variétés indigènes prodigues et précoces sans rapport avec l’emblématique cerise basque. Devant cette situation une poignée d’irréductibles amateurs de cette cerise d’une exceptionnelle saveur eut la bonne idée de créer la “Fête de la Cerise” pour célébrer le fruit emblématique du village. Nous étions en 1949. Le sauvetage de la “Cerise d’Itxassou” remonte à cette date.
Avec les années, la “Cerise d’Itxassou” a vu grandir sa notoriété. Depuis 1994, une douzaine de producteurs réunis au sein du “G.I.E. Cerise d’Itxassou-Itsasu” se sont donnés pour objectif de relancer cette exceptionnelle production en plantant plus de 4 000 arbres des trois variétés locales dont la hauteur modeste - 3 à 4 mètres - permet la cueillette au sol. Lorsque l’on, sait que l’on ne peut espérer une première récolte, si le temps le permet, qu’au bout de cinq à six ans, on ne peut que saluer cette démarche des plus courageuses !
Les centaines de cerisiers qui fleurissent sur les collines et vallons dominant le village d’Itxassou produisent trois variétés de cerises :
- la Xapata, goûteuse et sucrée, majoritaire à 70 %,
- la Peloa, petite et sombre, que l’on croque dès la cueillette ou une fois cuite,
- la Beltza, de couleur sombre tirant vers le noir, complément indispensable du gâteau basque, et traditionnellement appréciée en accompagnement du fromage de brebis du Pays Basque.
Parfaitement adaptées aux conditions climatiques de l’arrière-pays, ces variétés traditionnelles sont les seules à “pousser au pays”. Les quelques tentatives de “renouveler” le verger avec des variétés plus productives ont été un échec flagrant.
Si le Bon Dieu, qui se mélange un peu les saisons en cette période de crise, avait la bonté de nous offrir quelques rayons de soleil pour permettre aux cerises d’Itxassou d’atteindre leur maturité au cours d’un mois traditionnellement consacré à leur cueillette, n’hésitez pas à vous rendre dans ce charmant village pour découvrir ces merveilleuses cerises et faire l’acquisition de l’authentique confiture portant la mention : “Cerise d’Itxassou-Itsasu” preuve que les fruits proviennent du village. Tout autre confiture de cerise ne serait qu’une pâle imitation !

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